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Et si... Bède le Vénérable avait lu Akira Toriyama
Et si... Bède le Vénérable avait lu Akira Toriyama
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15 avril 2010

Akira

Voici un article assez long sur la série Akira de Katsuhiro Otomo, un incontournable de la BD nippone adapté en film d'animation à la fin des années 80. L'article est divisé en cinq parties : une sur l'histoire éditoriale de la série, une sur les intrigues, une sur les dessins, une sur la forme du scénario, et enfin une dernière qui se fixe sur le personnage de Tetsuo, avec en annexe le point sur les différentes éditions en langue française.

I. Akira, la deuxième révolution du manga

« On pourrait presque dire que [Katsuhiro Otomo] a défini une nouvelle sémiologie visuelle sans aucun rapport, fût-ce de contradiction ou de dépassement, avec les conventions mises au point par Tezuka » (propos du critique japonais Masahiro Kanoh)

Akira_illustration

BD culte des années 80, pierre angulaire du manga moderne, première bande dessinée japonaise à s'être exportée avec succès, Akira pourrait être considéré comme l'équivalant nippon du Watchmen d'Alan Moore tant cette oeuvre de plus de 2000 pages a réussit à réinventer tous les codes du manga, tout comme Alan Moore avait révolutionné le comics à la même époque.

shin_takaNous sommes en 1982. Depuis 35 ans et la publication de Shin Takarajima (La Nouvelle île au Trésor) en 1947, toute la bande dessinée japonaise est influencée et dominée par le style d'Osamu Tezuka : trait rond, dynamisme exacerbé, mouvements exagérés, ligne claire, anatomies fantaisistes, décors sommaires, yeux de "biche", ton enfantin et "disneyen" (même si ce point perd de son importance au milieu des années 60 avec l'arrivée du style "gegika" au Japon). Mise à part quelques exceptions, principalement dans la scène underground représentée par le magazine Garo, tous les auteurs se réclament, ouvertement ou non, du "Dieu du manga" Tezuka, et aucune oeuvre a succès ne s'est encore véritablement détachée de cette influence.

arzach_moebiusPuis arrive Katsuhiro Otomo qui, bourré d'images issues des comics et de la bande dessinée européenne (principalement Moebius, son maître), va définir un nouveau style et transformer à jamais la BD japonaise, créer une "nouvelle sémiologie visuelle sans aucun rapport avec les conventions mises au point par Tezuka". Ce dernier avait regardé hors des frontières de son pays, principalement du côté de Walt Disney et de Geo McManus (créateur dans les années 30 du strip Bringing Up Father -La Famille Illico en français- et grande référence d'Hergé) pour apporter un vent nouveau sur le manga, Otomo aura la même démarche. S'approprier à sa manière la culture occidentale, cela n'a-t-il d'ailleurs pas été la marque de fabrique du Japon tout au long du XXe siècle dans les domaines de l'économie, de l'habillement, du mode de vie, de l'industrie, etc ? La démarche de ces deux auteurs semble tenir du même processus créatif.

Neo_Tokyo_d_molieAvant d'élaborer sa série phare, Otomo s'était déjà fait connaître au Japon par une histoire très remarquée (à juste titre) : Domû, vendu à 500 000 exemplaires. Mais c'est bien Akira qui le placera au panthéon des auteurs nippons. La publication commence en 1982 dans le journal Young Magazine de l'éditeur Kodansha, et se termine en 1989. Le dernier tome de la version reliée paraîtra quant à lui en 1993, Otomo ayant pratiqué quelques remaniements. Le succès est en tout cas immédiat, chaque volume s'écoule à au moins 700 000 exemplaires et l'éditeur décerne en 1984 à la série le Prix du manga dans la catégorie seinen. Otomo passe d'auteur talentueux au statut de référence majeure, influence une floppée d'auteurs des 80's, et devient le premier mangaka à s'exporter avec succès hors de l'archipel japonais : en 1988 une version colorisée d'Akira est publiée aux Etats-Unis par Epic Comics, version reprise en France par Glénat en 1990, et marque toute une génération de jeunes lecteurs occidentaux. Après les Etats-Unis et la France, Akira passe ensuite par l'Angleterre, l'Italie, l'Espagne, Hong-Kong, l'Allemagne, les Pays-Bas... le dessin animé réalisé par Otomo à partir de son oeuvre, projeté en 1989 au Festival International du Film à Berlin, en 1990 aux Etats-Unis, et en 1991 en France, ajoute encore un peu plus au succès de la série. Akira devient ainsi le premier manga à connaître un succès planétaire, et ouvre la voie à l'explosion de la bande dessinée nippone en Occident, alors quasi-inconnue dans nos contrées.

II. Entre anticipation, cyber-punk, post-apocalypse et onirisme

« Au-delà de notre perception du quotidien, la planète va inexorablement vers sa destinée cosmique. J’ai senti là le défi de créer le plus grand spectacle, la plus grande catharsis, jamais entrepris jusqu’alors » (déclaration d'Otomo dans Mad Movies).

Mitrailleuse

1982, Tokyo est détruite. Un certain "Projet Akira" est pointé du doigt. Un conflit mondial s'ensuit. 2019, la guerre est fini depuis longtemps, Tokyo est entièrement reconstruite. Tetsuo, jeune orphelin délinquant, subit un étrange accident de moto et est pris en charge par l'armée qui lui fait subir une série de tests dans le cadre d'un projet militaire ultra secret visant à repérer et former des êtres possédant des prédispositions à des pouvoirs psychiques (j'ai repris ici un court extrait du résumé de Wikipedia, ne pouvant mieux dire). Il n'en sort pas indemne : cerveau détraqué, addiction à la drogue, et surtout en lui naissent d'étranges facultés télékinésiques. Il n'est d'ailleurs pas le seul à en posséder : un groupe d'enfants à l'allure étrange ayant fait partie du "projet Akira" ont des pouvoirs similaires. À partir de là personne ne pouvait prévoir les terribles boulversements futurs.

Rue_d_labr_eLa saga Akira s'articule en deux grandes parties, délimitée en son milieu par un évènement de grande ampleur. Dans la première moitié de l'histoire l'adolescent Kaneda et sa bande de jeunes loubards montés sur de puissants deux-roues se démènent dans une ville urbanisée à outrance faite uniquement de gigantesques buildings, de goudron, de ciment et de béton, où ne subsistent plus que quelques traces de la catastrophe de 1982. Entre courses de motos, bastons contre  gangs rivaux et défis à l'autorité (enseignante, policière), la vie de ces jeunes d'une quinzaine d'années suit tranquillement son cours jusqu'à l'accident de Tetsuo. Le récit se fixe alors en bas de l'échelle sur la "guerre" que se livrent ce dernier et Kaneda (son ancien mentor), et tout en haut sur les luttes de pouvoir entre politiques, militaires, rebels et religieux, sans oublier la "course à Akira" à laquelle se livrent tout les protagonistes. Tout cela s'entremêle dans un fouillis d'action qui débouche sur un évènement qui va complètement dérégler le cours du récit : un nouveau cataclysme, qui plongera à nouveau Tokyo dans le chaos. L'histoire change alors complètement de direction, et commence la deuxième partie de la série. C'est là qu'elle prend tout son sens, toute son ampleur et son intensité, Otomo laissant pleinement éclater son talent et ses aspirations. Les protagonistes changent de statut et de stature, le contexte physique et politique est complètement chamboulé, et le personnage de Tetsuo se révèle de plus en plus passionant de par sa psychée, ses buts nouveaux, ses transformations, son évolution. Neo-Tokyo n'est plus que destruction, violence, survie, chaos. Le manga explose, et doit beaucoup à l'incroyable talent pictural de Katsuhiro Otomo.

III. Explosion Graphique

« Alors que je travaillais sur Akira, je profitais de chaque nouvel épisode pour donner plus de profondeur et de masse à cette cité cyclopéenne. Je persistais dans ce sens à travers une variété de situations pour monter une narration graphique » (propos de Katsuhiro Otomo)

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Utilisant un style réaliste, Otomo est un graphiste hors pair. Sur les 2000 pages que compte sa saga il n'y a quasiment aucune erreur : justesse des anatomies, des poses et des attitudes, réalisme des perspectives et des volumes. Un exploit. Chacune de ses cases possède une force sans pareil, un dynamisme exceptionnel, portés par un trait à la fois nerveux et précis. L'auteur ne lésine pas sur les moyens et laisse éclater sur chaque vignette toute la richesse de son style très détaillé et fouillé.

Motos_dans_l_eauIl faut aussi souligner l'incroyable manière dont le graphisme d'Otomo respire la matière. On pourrait presque toucher, sentir ce qu'il dessine tant son art possède une réelle force d'évocation. Le nippon fait ce qu'il veut de son crayon, dessinant ce que bon lui semble comme bon lui semble, arrivant à donner magistralement vie à tout ce qui lui passe par la tête, jusqu'à ses idées les plus folles (voir par exemple les incroyables métammorphoses de Tetsuo, plus vivantes et "réalistes" que jamais sous le trait du maître).

Graphiquement, Akira explosera véritablement dans la deuxième partie de la série. Otomo excelle dans ces dessins d'immeubles détruits, de trottoirs défoncés, d'un urbanisme déformé et dénaturé, d'une ville plongé dans la post-appocalypse. Mais il est également un maître pour dessiner des décors urbains "propres", superposition d'immeubles à la symétrie parfaite, suites de fenêtres parfaitement alignées, buildings massifs à n'en plus finir. Une chose est sûre en tout cas, plus c'est titanesque et grandiose et plus son talent réussit à s'affirmer pleinement. À ce titre ses illustrations de démolitions à grande échelle sont des sommets, et l'auteur n'hésite pas à s'y attarder longuement (jusqu'à 30 pages de pure destruction pour une seule séquence), au même titre que ses affrontements monumentaux. C'est non seulement magistralement dessiné et mis en scène mais également très prenant.

Accident_motoParce que oui, avec cela on a là un véritable talent de metteur en scène, les découpages et les angles de vue semblent parfaits, avec un aspect très cinématographique. Et ce qui marque plus que le reste c'est l'incomparable sens de l'action que développe Otomo. Son trait est déjà très dynamique, plein de mouvement, mais ce sont aussi ses choix de mise en forme qui le mettent au-dessus du lot : accélération de l'action, zoom, pause, ralentissement, champs/contre-champs... Le dynamisme qui émane ainsi de ses planches devient tout à fait exceptionnel, les cases s'enchaînent avec une fluidité sans pareil, et on est complètement pris dans cette narration qui cavale à deux cent à l'heure.


IV. Forces et faiblesses scénaristiques d'un chef-d'oeuvre

« Les luttes aveugles décrites dans le [ manga ] obligent les individus à reformer leur monde intérieur. Ainsi, les chocs cyclopéens monstrueux sont reliés à des visions oniriques et il n’y a de salut que dans le contrôle de son propre rêve. Akira fait partie d’une évolution picturale, artistique et philosophique, qui nous cueille telle une révolution » (Jean Giraud alias Moebius, dans le magazine Mad Movies)

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ExplosionAkira est un manga ambitieux au souffle épique sans pareil. Il y a bien évidemment un côté très terre à terre, les bagarres de bande, les fusillades, les petites luttes de pouvoir, mais ce qui nous subjugue c'est bien toute la part de grandiose que possède la série. On parle ici de jeunes motards, de rivalités viriles, de drague minable, de prise de drogue, certes, mais également d'êtres dotés de pouvoirs surpuissants, de cataclysmes capables de démolir une ville entière, de "destiné cosmique", de l'évolution et l'avenir de la race humaine. Otomo nous livre des séquences d'anthologie et donne un aspect réellement monumental à l'ensemble de son chef-d'oeuvre. Qu'il s'agisse des affrontements homériques de Tetsuo contre ses ennemies, des destructions de Tokyo, de la défiguration de la lune, ou encore de quelques visions psychédéliques, tout participe à donner au récit Akira une ampleur épique. Le récit se terminera d'ailleurs bien évidemment dans une gigantesque apothéose.

Big_BangLa manière dont Otomo raconte son histoire est quant à elle très fluide. On s'enfonce sans problème dans la lecture, et les nombreuses alternances de scènes nous poussent à ne pas lâcher le bouquin. Le rythme est soutenu, le scénario dynamique, et une violence sèche imprègne les 2000 pages du récit, avec de temps à autres des séquences qui fleurent bon le psychédélisme, et d'autres pouvant devenir très touchantes. Il y a en revanche, selon moi, une surexploitation des scènes d'action de la part d'Otomo, l'auteur poussant jusqu'à l'overdose. Du coup le manga tourne parfois trop en rond, s'attardant sur des séquences sans grand intérêt aux dépends d'autres aspects passionants de l'histoire qui auraient mérité un développement plus important : la situation de la population de Neo-Tokyo, l'organisation de la ville, le fonctionnement de l'empire, les nouveaux rapports de force, la psychologie des personnages... Sur ce dernier point il faut néanmoins isolé le cas de Tetsuo, dont l'évolution et la profondeur psychiques sont abosulment passionants.

Les autres protagonistes d'Akira ne sont pour leur part pas tous réussits ni intéressants. Kaneda, le héros de l'histoire, est un petit querelleur plein de défi et de gouaille, grande gueule, insolent, et bourré de courage. Bien que plutôt attachant, ce personnage a une personnalité peu creusée et sans beaucoup de profondeur, en plus d'être assez caricatural. Il y a d'ailleurs parmi les protagonistes d'Otomo de vrais ratés, comme l'ogresse Chiyoko ou le vil bras droit de Tetsuo (à l'identité inconnue d'ailleurs), ou d'autres présentant un intérêt très restreint comme la rebelle Kei pour qui Kaneda a le bégain, ou les potes de ce dernier qui se résument à de jeunes écervelés sans substance. Restent néanmoins quelques figures au charisme marqué, en premier lieu desquelles le Colonel Shikishima, introspectif et fier, à la stature imposante, ou la vieillarde Lady Miyako, chef d'une secte dédiée à son culte, qui incarne force, sagesse et dignité.


V. Un personnage : Tetsuo Shima

« Je pense qu’Akira est principalement l’histoire d’une amitié entre Kaneda et Tetsuo. J’ai quelques amis inestimables. L’un d’eux est mort. Akira raconte comment deux amis, inséparables pendant leur enfance, grandissent indépendamment dans des milieux très difficiles » (Katsuhiro Otomo)

Tetsuo_et_Kaori

Et puis il y a Tetsuo Shima, absolument fascinant. Orphelin qui a rencontré Kaneda alors qu'ils étaient tout deux enfants, il reste dans leur bande le "petit frère", celui qu'il faut protéger, qui évolue dans l'ombre de ses camarades de conneries. Protégé, mais également rabaissé et dominé par ses potes. L'étrange accident qu'il subit au début de la série va le doter de puissants pouvoirs qui vont complètement dérégler sa personnalité et son métabolisme.

Tetsuo_seulDevenu mégalomane, ultra-violent, camé jusqu'à l'os, la psychologie du personnage prend tout son intérêt à partir de là. On suit alors son évolution psychique avec inquiétude, ses transformations suintant le traumatisme, sa psyché transpirant sur chaque pan de son corps dénaturé. On sent une fêlure profonde, exacerbée par ses pouvoirs et les mutations monstrueuses de son organisme. Ce demi-dieu à la force sans pareil reste néanmoins un être qui souffre profondément, pouvant, entre crises d'angoisse et accès de violence, devenir extrêmement vulnérable. Il arrive à une certaine stabilité grâce aux quantités incroyables de drogue qu'il ingurgite, mais ne trouve réellement la paix que dans les bras de la jeune Kaori, destinée à l'origine à n'être qu'une esclave sexuelle de plus mais qui va rapidement accéder au statut de mère-amante dans le coeur de Tetsuo, très touchante de par sa discrétion, son dévouement et son attention portée à l'autre. Il y a aussi cette très forte amitié, mélange d'amour profond et de rivalité, qui lie Tetsuo à Kaneda, sur qui il semble vouloir prendre comme une revanche. Les frères ennemies ont malheureusement trop de rancoeurs pour pouvoir se réconcilier, et ils n'auront de cesse de se défier et se combattre tout au long du manga.

Tetsuo_babyPour sa part Tetsuo continue d'être dévoré par la force présente en lui. Il y a d'ailleurs dans la dernière partie de l'histoire comme une volonté de son inconscient de retourner à l'état de petite enfance, voire d'embryon, symbolisée par sa mutation finale. Plusieurs éléments laissent d'ailleurs à penser qu'il revit alors de manière allégorique les différentes étapes d'une construction oedipienne (mais cela reste une annalyse très personnelle). Il y a aussi cette espèce de "destinée cosmique" qui semble lier Tetsuo et Akira, les deux entités semblant être voués à une inévitable communion d'un type complètement nouveau. Ce personnage reste en tout cas pour moi en tout points fascinant, et le fait que l'auteur ne livre aucune clef bien établit pour saisir toutes les ficelles de son moi profond rend Tetsuo Shima d'autant plus passionant.


Conclusion

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Oeuvre épique et ultra-dynamique portée par un graphisme riche et maîtrisé, un univers et une histoire prenantes, et un personnage captivant, Akira mérite clairement son statut d'oeuvre culte. Une série qui a marqué à jamais la bande dessinée nippone, ayant eu un très fort impact artistique au pays du soleil levant, et un impact tout aussi important, mais de type culturel, en Europe et aux Etats-Unis.

En guise de conclusion il ne me vient finalement à l'esprit que cette phrase (quelque peu exaltée) d'Alejandro Jodorowsky : "« Au fond, Akira est la lamentation d’un jeune poète. Il n’y a pas de différence entre Otomo et Rimbaud »



VagueUn Mot sur les Editions

En France, Akira existe dans trois formats, tous édités par Glénat. Le premier, très rare, est devenu collector. Il s'agit d'une copie conforme de l'édition américaine : format comics, couverture souple de type magazine, pages colorisées, sens de lecture occidental. Cette version compte 31 fascicules de 68 pages chacun parus entre 1990 et 1992. Ce format est aujourd'hui quasiment introuvable, mais son pendant cartonné est toujours disponible.

Il s'agit de 13 tomes (plus un art book) parus entre 1990 et 1995 reprenant le contenu des fascicules. Pour ma part je dirai que cette édition est à éviter. Tout d'abord parce que la couleur ne va pas au manga d'Otomo. Pourquoi? tout simplement parce qu'il n'a pas été conçu pour. On a dans ce manga de nombreuses cases avec pour fond les fameuses stries qu'utilisent souvent les mangakas pour renforcer la sensation de mouvement, ainsi que pas mal de cases avec fond blanc, ce qui n'est absolument pas propice à une mise en couleur et donne un résultat assez moche et sans intérêt. De plus il s'agit d'une colorisation informatique, laquelle en était à ses balbutiements au moment de la conception de cette édition, et on voit bien en la feuilletant que la technique est loin d'être maîtrisée (avec notammant une surexploitation de dégradés assez hideux). Enfin, il y a le repport qualité/prix, très peu avantageux en comparaison de l'édition noir et blanc. En effet les albums cartonnés d'Akira coûte 15 euros pièce pour environ 180 pages là ou la version noir et blanc est à 13 euros le volume de 370 à 430 planches.

Condensant la saga en 6 tomes, cette version parue entre 1999 et 2001 est la plus proche de l'édition originale japonaise. Son premier point fort est bien évidemment qu'elle propose l'oeuvre d'Otomo dans sa version noir et blanc, bien plus belle que la version couleur, qu'elle est financièrement très intéressante, et enfin qu'elle propose une nouvelle traduction. On regrettera néanmoins le papier assez fin (mais c'est le prix à payer pour ne pas avoir une édition hors de prix), et les puristes du manga seront déçu par le maintien du sens de lecture occidental et du fait que les onomatopées aient été traduites.

En tout les cas, comme vous l'avez compris, c'est cette dernière édition en noir et blanc que je vous recommande. Je vous invite aussi à regarder le long métrage tiré du manga qui est très réussit. Quant à ceux qui n'ont vu que le film (sous réserve qu'il leur ait plu), je vous recommande de lire le manga, il est beaucoup plus riche et complet.

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Commentaires
F
Salut,<br /> <br /> Voilà, Bravo, ce billet m'a donné envie de relire Akira...<br /> <br /> Très bon article.<br /> <br /> Merci!
W
il y a une édition Glénat avec des images tirées du dessin animée, au format manga classique, l'édition noir et blanc est en revanche à un format plus grand, proche de celui des comics
D
Merci pour cet article bien développé, je cherchais justement un avis sur les deux éditions de Glénat, et le tien me semble éclairé. J'en profite pour poser une question:<br /> L'édition Glénat en couleur n'est donc pas une version papier tirée du film (comme ça s'est fait récemment pour Steamboy), mais bien le manga original complet colorisé? Merci.
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