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Et si... Bède le Vénérable avait lu Akira Toriyama
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23 mars 2010

Pluto (tomes 1 et 2), du neuf avec du vieux

Pluto_1Lorsqu'Osamu Tezuka créé Astro Boy en 1952, il place sa naissance en 2003. Pour fêter cet anniversaire fictif et rendre hommage au dieu du manga, la nouvelle star de la BD japonaise qu'est Naoki Urasawa (20th Century Boys, Monster) et son éditeur ont proposé à Tezuka Productions de reprendre une histoire du petit robot (à savoir "Le Robot le Plus Fort du Monde") et de l'adapter à leur manière. Le résultat sera bien sûr à mille lieux du récit originel.

L'auteur fait de cette adaptation un thriller d'anticipation très prenant. Nous sommes dans un univers où des robots de plus en plus perfectionnés partagent le quotidien des êtres humains et possèdent les mêmes droits qu'eux. Une règle est néanmoins intégrée à leur système interne : l'impossibilité de tuer un homme. C'est dans ce monde qu'évolue l'inspecteur Gesicht, androïde à tel point avancé qu'il ne présente quasiment plus aucune différence avec l'homme. Une enquête lui est confiée : l'assassinat de Mont-Blanc, l'un des automates les plus puissants au monde. Le mobile semble pour le moins obscur, d'autant plus que Mont-Blanc semble n'être que le premier d'une liste sur laquelle on retrouve autant d'humains que de robots.

Pluto_plancheUrasawa signe là deux tomes vraiment excellents. L'univers réaliste qu'il développe est pour le moins captivant, et la réflexion sur l'intelligence artificielle et les différences hommes/machines qui parcoure toute l'oeuvre ne sont pas sans rappeler les livres du géant de la science fiction Isaac Asimov, ou encore Philip K. Dick dans son roman "Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?" (Blade Runner). On se plaît ainsi à silloner la psychée robotique développée par Urasawa tout au long d'une intrigue parfaitement maîtrisée, l'auteur prenant le temps de mettre en place tout les éléments de l'histoire en douceur, laissant son récit avancer lentement, n'hésitant pas à s'attarder sur de longues scènes secondaires. Naoki Urasawa manie le suspense avec habileté et nous laisse pleins de questionnements, nous donnant de temps à autres quelques clefs de compréhension pour mieux nous intriguer par la suite. Le trait est quant à lui maîtrisé et élégant, avec un côté un peu "crayonné", doux, sans être très complexe. Le découpage un peu à l'européenne est clair et efficace, avec beaucoup de silences, de lenteur, ce qui donne une ambiance très agréable à ces deux tomes. Avec ça Urasawa met en place un panel de personnages très large et extrêmement réussit, développant des personnalités variées, réussissant à donner de la consistance au moindre  de ses protagonistes avec une facilité déconcertante, jusqu'à ceux de deuxième ou troisième plan. Ses personnages d'androïdes sont notammant de vraies réussites, l'auteur arrivant à les rendre touchant et complexes malgré leur caractère robotique.

pluto_planche_2On sent qu'avec cette série le talent d'Urasawa est en train d'arriver à maturité, autant graphiquement que scénaristiquement. Pas encore totalement car il n'évite pas quelques poncifs mélo-dramatiques assez caricaturaux dans leur traitement (le gentil robot écolo Mont-Blanc que tout le monde aime, l'histoire du compositeur de musique de film abandonné par sa mère, la "39e guerre d'Asie Centrale" qui rappelle sans finesse selon moi un conflit récent, etc...). Autre petit défaut : l'allure de certains robots est vraiment moche et kitsh, mais cela est sans doute dû à la volonté d'Urasawa de coller à l'oeuvre originale d'Osamu Tezuka.

Prévu en 8 tomes, Pluto est un manga plus que prometteur. J'avais lu les trois premiers volumes de 20th Century Boys du même auteur, best-seller acclamé par le public aussi bien que la critique, et n'avait pas été tout à fait conquis par cette histoire trop tirée par les cheveux et farfelue. Avec Pluto en revanche, Urasawa m'a véritablement convaincu, son talent pour raconter une intrigue complexe et développer des personnages consistants ne faisant à mes yeux plus de doute. En outre le fait que la série ne fasse que 8 tomes me rassure, on ne risque pas, comme c'est malheureusement trop souvent le cas avec les mangas à succès, d'avoir une histoire à rallonge qui se perd inutilement dans la répétition.

À noter également la très bonne qualité de l'édition Kana, pour un prix abordable.                                                                   

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