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Et si... Bède le Vénérable avait lu Akira Toriyama
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27 mars 2010

Gus, de Christophe Blain

Gus_couv_Au premier abord, quand on se contente de feuilleter rapidement, on peut se dire que le dessin employé sur cette série est simpliste, sympatique certes mais pas très riche. Que neni! Quelle richesse au contraire! c'est merveilleux de vivacité, de dynamisme, de nervosité... Un petit régal. Il faut dire que Christophe Blain est un de mes artistes préférés, génial auteur d'Isaac le Pirate et du Réducteur de Vitesse, illustrateur de talent des séries Donjon Potron-Minet (sur des scenarios de Lewis Trondheim et Joann Sfar), Socrate le Demi-Chien (encore avec Sfar) et Hiram Lowatt et Placido (avec David B).

Pour en revenir à Gus, on pourrait résumer l'intrigue générale à ces quelques mots : la libido de trois cow-boys. L'histoire tourne en effet autour de trois potes hors-la-loi qui écument diligences, trains et banques, mais qui la plupart du temps portent plus d'intérêt à leur quéquette qu'à leurs dollars. On suit ainsi les manigances de Gus pour se faire des poules, l'amateurisme de Gratt en matière de flirt, et les amours passionés de Clem. Ici, pas d'histoires d'amour à l'eau de rose ou exagérément tragiques, Blain leur préfère des histoires vraies, brutes. Il peut tout aussi bien s'agir de coeur que de fesse. Sans oublier le côté "bande de potes" qui plane sur la série et qui fait une bonne partie de son charme. On passe ainsi du flirt à la cuite, de la nuit d'amour à la rixe violente, du mot doux à la grossierté, de la partie de poker à la partie de jambes en l'air. Des histoires d'amour et d'amitié, de sexe et de violence. 

Gus_planche_tonneauGraphiquement c'est véritablement exceptionnel, riche, foisonant. Rarement des dessins auront atteind un tel niveau de vie, rarement un auteur aura réussit à donner autant de chair à ses personnages. Une suite de jeux de narrations et d'inventions graphiques. Blain invente encore et encore, se renouvelle, exploite la moindre ouverture à merveille pour mettre en image une nouvelle idée. De chaque case se dégage un foisonement de vie impressionant, les émotions sont rendues à merveille par tout un tas de procédés propres à l'auteur, d'une éloquence très forte (le "noeud" dans la gorge de Clem en est un exemple significatif). La dynamique du dessin n'aurait quant à elle pas déplu à quelques Franquin ou autres Tezuka tant elle atteind des sommets, pouvant parfois rappeler de vieux dessin animés des années 30. La manière de courber nerveusement le trait rappelle aussi le Morris des débuts, un trait naturel, spontané, fort. Les protagonistes s'animent dans des décors souvent minimalistes, parfois très chargés, servis par un découpage qui va droit au but sans se poser de question. Et tout est ainsi : direct, simple, efficace, on est véritablement dans l'imagerie : montrer l'idée plutôt que la réalité à proprement parlée. Le resentit avant le réalisme.

Gus_planche_1Gus est une série hors norme, un western en dehors des codes habituels, un western humain et moderne. Une vraie BD de potes, séquencée en épisodes plus ou moins longs. Agréable à lire, relâché, sans fard, à l'écriture et au trait presque instinctifs : un bol d'air frais. Trois tomes sont parus à ce jour chez Dargaud, d'environ 80 pages chacun, tous aussi réussit les uns que les autres. Une chose est sûre : on attend avec impatience la suite des aventures de ces personnages pour le moins attachants que Blain laisse maîtres de ses histoires.

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Commentaires
D
J'ai lu récemment le 3ème volume "Ernest" et je reconnais bien là ma lecture dans ta critique comme quoi la qualité de la série se maintient mise à part le côté graphique auqel je ne partage pas ton enthousiasme peut etre aussi parce que je ne me suis pas attardé sur cette partie que j'ai trouvé au premier abord grossier et simpliste.
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